Yogui autour du monde

Koya-san, halte paisible sur la montagne sacrée

Ambiance musicale : Untitled #3 (Samskeyti) – Sigur Ros

Il y avait un endroit qu’on m’avait chaudement recommandé et qui semblait attirant à première vue. On m’avait parlé de nature, de montagne, de calme, de temples et de séjour chez des moines, à cent kilomètres au sud d’Osaka. Il ne nous en fallait pas plus pour l’inscrire sur le programme.

Le hasard faisant bien les choses, cela concordait parfaitement avec nos disponibilités, nous pouvions donc y aller avec l’équipe au complet. Après un périple en train puis en bus, nous avons atteint les lieux inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le site est en fait un lieu de pèlerinage bouddhiste, composé de nombreux monastères et situé à plus de neuf cents mètres d’altitude. Encerclé de huit sommets, il est complètement fondu dans la nature environnante et nous a instantanément charmés, pour ces raisons et le calme y régnant. C’était l’antithèse parfaite des villes et la démonstration que le Japon ne se réduit pas à ces dernières.

Après avoir avalé une soupe d’udon, ces pâtes épaisses, nous nous sommes mis en quête d’un shukubo, un monastère qui propose un hébergement (et bien plus) aux visiteurs. Ils étaient dédiés auparavant aux moines itinérants et font maintenant partie intégrante de l’expérience touristique du lieu.

C’est à Hoon-in que nous avons posé nos sacs. Accueillis par un moine, nous avons pris place dans cette grande maison et découvert notre chambre traditionnelle, tatami au sol et shoji en guise de porte et fenêtres. Le petit jardin extérieur renforçait la sensation de tranquillité, de sérénité de l’endroit.

La fin d’après-midi nous a livré les premières images du complexe Danjo Garan, avec les différents pavillons et la pagode Daito. Il était aussi l’heure de la prière pour les moines, et ceux-ci se déplaçaient d’édifices en édifices pour réciter des mantras différents.

Leurs habits se composaient de grandes étoffes blanches, marron et orange et de geta aux pieds, chaussures traditionnelles en bois qui faisaient un bruit très caractéristique lors de leurs mouvements. Des nonnes complétaient les rangs.

De retour au monastère, et après un bain pour se réchauffer, le diner nous attendait, et pas n’importe lequel. Le bouddhisme recommande une alimentation végétarienne puisqu’il condamne le sacrifice de tout être vivant doté d’une conscience. Nous avons donc goûté à la shojin-ryori, cette cuisine des moines qui est basée sur trois principes : les cinq goûts, cinq modes de cuisson et cinq couleurs.

Chaque repas doit comporter un plat grillé, un plat frit, un plat mariné, un plat à base de tofu et une soupe. Assis sur le sol, avec notre yukata, et cette avalanche de petits bols, l’expérience s’est révélée incroyable. La diversité des textures et des sensations était très agréable. Le goma-dofu (tofu de sésame) m’a laissé un souvenir particulièrement fort, avec sa composition soyeuse et sa consistance onctueuse.

Koya-san, en plus du complexe monastique, comprend Okuno-in, un immense cimetière de plus de deux kilomètres de long qui compte deux cent mille pierres tombales et abrite le mausolée de Kobo Daishi, le fondateur des lieux.

Il serait entré en méditation pour l’éternité afin d’assurer la délivrance de tous les êtres vivants. Célèbre moine, il est l’un des créateurs de l’école bouddhiste ésotérique japonaise : Shingon. Une visite de la nécropole était possible la nuit et le moine nous a permis d’en savoir plus.

Ce courant est appelé ésotérique car ses enseignements ne sont pas accessibles sans efforts, et nécessitent de méditer de longues heures dans la montagne. Concernant le cimetière, qui héberge aussi bien de grandes figures historiques que des gens ordinaires, seul l’os de la gorge est enterré ici, le reste du corps étant incinéré là où habitait le défunt.

Cette promenade de nuit avait quelque chose de particulier, avec nos lampes de poche dans cette ambiance sacrée, au milieu des cèdres centenaires. Elle s’est terminée à Toro-do, le « pavillon des lanternes », qui en contient plus de dix mille, toutes offertes par les fidèles.

Dès les aurores, nous avons assisté à la prière, dans la petite salle prévue dans notre maison. Encore une fois, nous nous sentions quelque peu privilégiés de pouvoir vivre cela de l’intérieur.

Nous sommes retournés voir les différents lieux, dans un bon bain de soleil. Les moines ont déroulé leur cérémonie d’incantations, dans un silence respectueux. La pureté de l’endroit était sublimée par les couleurs automnales, les érables japonais tendant jusqu’au rouge vermillon des torii.

Comme pour terminer en beauté, notre hôte nous a remis un yuzushusen, amulette de bois en forme de domino, pour nous apporter chance et réussite après notre départ. Indiscutablement, Koya-san nous a laissé un souvenir fort.

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  1. Jc

    Sympathique expérience 🍚🥢
    #Izihouse

  2. Guy

    Salut, toujours de très belles photos qui nous aide a oublier le temps maussade de chez nous. A une prochaine fois, bonne route
    Gérard et Martine

  3. Wow, quelles belles images! Merci de nous faire partager cette expérience 🙂 C’est comment le japon quand on ne connait pas du tout la langue? Avez-vous eu des difficultés pour vous orienter quand les panneaux sont seulement en japonais? Bonne continuation sur votre route! 🙂

    • Le Japon est une expérience à part, il y a beaucoup de codes et d’étiquettes à respecter…
      Le fait de ne pas parler la langue ne m’a pas empêché d’en profiter grandement. Bien sûr, j’avais quelques mots du quotidien pour m’en sortir ou être poli !
      Concernant les panneaux, on apprend très vite à déchiffrer les kanjis… ou à essayer ! 😃
      Merci du message !

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