Ambiance musicale : Un osito de peluche de Taiwan (en vivo) – Los Auténticos Decadentes
Après la belle fête de la veille, j’ai préparé mon sac à dos et pris le bus pour Iruya, le dernier des endroits recommandés dans le coin. On m’avait prévenu qu’aller à « Iroucha » (avec l’accent argentin) se méritait et que ce n’était pas à la distance qu’il fallait mesurer son enclavement mais à la durée nécessaire pour s’y rendre.
Nous avons donc quitté la Ruta 9 pour rejoindre une piste cahoteuse au cours de laquelle nous avons passé un col à quatre mille mètres d’altitude, totalement envahi par les nuages, avant de descendre vertigineusement vers notre destination, mille deux cents mètres plus bas.
Je me suis installé dans l’une des quelques auberges que comprenait le village, accroché à la montagne et totalement encaissé au milieu des sommets. Loin du trafic, Iruya paraissait être le parfait endroit pour se reposer. Ces rues pavées et étroites ne s’animaient véritablement qu’à l’arrivée ou au départ d’un bus.
Mes acolytes, qui avaient pris le bus suivant, se sont retrouvés dans le même hostal que moi. Nous avions manifestement les mêmes critères. L’après-midi s’est déroulé en toute quiétude, jusqu’à ce que nous décidions d’aller au Mirador de los Condores, en face du village, très en amont de la rivière Iruya.
C’était censé être un beau lieu d’observation de ces plus grands rapaces du monde, quelques nids surplombant la vallée. Un certain nombre de personnes de l’auberge d’Humahuaca était là également : nous avons donc entrepris de grimper ensemble le chemin très pentu.
C’était la fin de l’après-midi et le moment devait être idéal pour contempler les condors. Malheureusement, le ciel s’est complètement couvert avant que les gouttes ne s’invitent au rendez-vous. Pour les oiseaux, il faudrait repasser.
En revanche, pour le mate, il n’apparaissait aucune raison de le repousser. Mieux encore : il allait nous permettre de profiter pleinement du moment, en prenant le temps, et de mieux faire connaissance. Autour de la calebasse gravitaient les nations de l’Argentine, la Colombie, la Suisse et la France.
Le lendemain, sans trop de préparation, nous avons pris le chemin de San Isidro, village reclus et non accessible en voiture, pour lequel il a fallu remonter le lit de la rivière… San Isidro. Le temps était particulièrement engageant, le soleil répondait présent et le paysage variait complètement par rapport à la veille.
Finies les teintes sombres, nous profitions maintenant de toute la palette de couleurs sédimentaires, sur les côtés mais également sur le sol. Les cailloux sur lesquels nous marchions étaient tour à tour verts, violets, roses ou bleus. Quelques plantes d’agave se dressaient aussi sur le bord.
Arrivés à la localité, nous y avons trouvé quelques rares habitations, des élevages de chèvres et des ânes, indispensables bêtes de somme. Quelques carrés de terre avaient été recouverts d’épis de maïs. Au-dessus, le cimetière surplombait les lieux. Nous y sommes montés pour profiter du panorama.
Le déjeuner a été intégralement partagé, chacun mettant au centre du groupe ce qu’il avait sans doute prévu de manger personnellement. Une carotte par-ci, deux tomates par-là, un reste de riz de la veille et quelques biscuits ont ainsi constitué le repas. Pour la boisson, on comptait sur le thermos et l’herbe amère.
Puis vint l’heure de rentrer, le temps avait passé à grande vitesse. Il n’en fallu pas plus puisque c’est à la nuit noire que nous avons franchi le seuil de notre auberge. N’étant pas convaincus de nous revoir, nous avons pris quelques salchipapas dans la rue en guise d’apéritif puis préparé un petit repas d’adieu, arrosé à la bière Salta negra.
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