Ambiance musicale : Another story – Akshin Alizadeh

Après avoir passé presqu’un mois sur l’île du Sud, pendant lequel mes grandes attentes ont été plus que dépassées, je suis arrivé sur l’île du Nord comme on arrive dans un nouveau pays. La méridionale est réputée pour son tourisme, découlant des merveilles de la nature qui s’y trouvent.

Celle septentrionale est également célèbre mais pour son aspect plus culturel. Leurs différences font leur richesse, et j’allais très vite m’en rendre compte. Mais avant cela, c’est une eau bleu turquoise et un vent relativement froid et fort qui m’ont accueilli à la descente du bateau.

En arrivant dans la baie, je n’ai pu m’empêcher de remarquer la géographie caractéristique de la ville : un grand port, très proche du centre-ville, et des collines pour l’entourer. On pouvait presque deviner, depuis leurs pieds, quelle catégorie sociale y vivait, en se fiant aux logements et à leur grandeur, leur architecture, leur décoration.

 

Dans un premier temps, les sensations ont été bizarres. Retrouver une « grande » ville après s’être mis au vert pendant un bon moment est toujours un choc assez particulier. D’un côté, je revenais à une avalanche de choix, que ce soit de bars, de cafés et de restauration, rapide ou non. Il parait même qu’il y a plus de restaurants par tête ici qu’à New York.

D’un autre, je voyais tout à coup les travers de la société occidentale, avec une forte proportion de gens en surpoids, désœuvrés et/ou sans-abri. La ville se rattrapait avec son côté alternatif, affirmé par son art de rue.

 

Apprendre et découvrir des éléments sur la culture néo-zélandaise, indigène ou rapportée ensuite, m’avait beaucoup manqué sur l’île du Sud. Mais j’allais pouvoir étancher ma soif ici : le musée Te Papa est probablement le meilleur de tout le pays et donne un aperçu assez global.

La première partie est consacrée à la géologie. Il faut dire qu’avec la découverte récente du continent Zealandia et l’activité sismique élevée, du fait de la rencontre des plaques tectoniques australienne et pacifique, les sujets sont nombreux. Il y a même la reconstitution d’une maison face aux soubresauts de la Terre.

Vient ensuite l’histoire de l’installation des colons. En tant que terre nouvellement « découverte », la Nouvelle-Zélande a représenté un nouveau territoire d’exploration et d’aménagement.

Les premiers arrivants venaient pour beaucoup d’Europe et arriver si loin représentait aussi bien la chance d’un nouveau départ (mitigée par la mise en place de quotas à une certaine époque) qu’un véritable défi pour y survivre dans un premier temps, et y vivre ensuite.

Les deux îles étaient recouvertes de forêts, et un long travail a eu lieu pour pouvoir fournir des terres arables. De nombreuses espèces ont aussi été introduites, qu’elles soient animales (bovins, ovins, caprins) ou végétales (céréales).

L’humain a voulu tenter de gérer cette « création » d’écosystème viable pour une grande population, en décrétant ce qui était nécessaire ou non et en mettant en place des contrôles drastiques pour toutes les entrées sur le territoire. Mais cela n’a pu empêcher l’introduction, fortuite ou non, de bêtes sans réels prédateurs, celles-ci devenant soudain indésirables car trop nombreuses, ou de nuisibles.

Aujourd’hui, ces méfaits se ressentent avec la perte d’une partie de la biosphère endémique, les oiseaux en premier, et on retrouve encore les inspections draconiennes lors de l’arrivée à l’aéroport.

Le musée fait ensuite la part belle aux indigènes, les Maoris, qui habitaient déjà les îles bien avant l’arrivée des Occidentaux. En provenance de la Polynésie, ils ont débarqué à partir du XIème siècle et diverses tribus se sont formées, en plusieurs endroits.

Leur art, leur culture et tout leur environnement me semblaient tout à coup plus présents, alors qu’ils me paraissaient assez absents de l’île du Sud, tout du moins sur le chemin que j’avais emprunté. L’un des points de voûte de tout cela est le marae, cet édifice coloré de rassemblement où la communauté vient procéder à ses affaires quotidiennes et se ressourcer.

Enfin, les galeries n’oublient pas de mentionner les guerres néo-zélandaises qui ont eu lieu au début du XIXème siècle, entre les colons et les indigènes. Beaucoup de sang a coulé, certainement plus d’un côté que de l’autre, et les évènements sont sobrement mis en perspective pour que les visiteurs locaux s’approprient leur histoire, pas si éloignée, et vivent maintenant ensemble.

Dans cette démarche, le rugby, sport national a, et continue de, joué un rôle primordial. C’est donc naturellement que je me suis ensuite retrouvé près du Westpac Stadium, l’antre des All-Blacks.

 

Pour terminer ce tour de la ville et continuer de me dégourdir les jambes après cette longue visite de musée, j’ai rejoint le jardin botanique de la ville, situé bien en hauteur et desservi par un funiculaire. De là, c’est un vrai panorama qui s’ouvrait sur la ville et qui m’a fait réaliser qu’un autre sport, le cricket, occupait une grande place dans le patrimoine collectif. L’héritage anglais était difficile à cacher…