Ambiance musicale : Evolve – IHF

J’y étais finalement, après trois jours de marche… Le lac Inle est un des joyaux (touristiques) de la Birmanie, perché à près de neuf cents mètres d’altitude, dans une grande plaine, et entouré de montagnes. Long de vingt-deux kilomètres, il est peu profond, sa moyenne variant entre deux et quatre mètres selon la saison.

Même si de nombreuses ethnies cohabitent tout autour du bassin, c’est le domicile du peuple Intha, très majoritairement des pêcheurs, qui vit dans de petits villages sur ses berges (ou même sur le lac), dans des maisons de bois et de bambou tressé sur pilotis.

Une fois arrivé à l’auberge, j’ai retrouvé mon sac à dos principal tel que je l’avais laissé trois jours plus tôt à Kalaw. Après avoir visité le marché des cinq jours à Nyaung Shwe, j’ai voulu découvrir le lac à vélo, dans un premier temps. Je me suis donc lancé avec Pau pour en faire le tour de la partie nord et traverser au milieu du lac.

Par manque de chance, des ennuis de chaîne nous ont d’abord retardés (nécessitant même le changement du vélo, remplacé directement sur la route par l’agence, après avoir obtenu l’aide généreuse de personnes au bord du chemin).

Pensant pouvoir repartir sereinement, c’est la pluie qui nous a alors intégralement trempés, malgré notre veste. Le message était reçu, le lac se méritait et nous sommes rentrés. Ça a été l’occasion de faire plus ample connaissance et d’avoir des échanges d’expériences de voyage très intéressants.

Le lendemain, Judith s’est jointe à nous et nous sommes partis avec le même objectif. Après avoir crapahuté pour obtenir quelques points de vue, nous sommes arrivés à Khaung Daing, connu pour sa fabrication artisanale de tofu, qui accompagne le poisson et le riz dans le plat typique d’ici.

Après avoir négocié le tarif et chargé les vélos sur la pirogue à moteur, nous avons rejoint le lac par l’un des nombreux canaux disponibles puis l’avons traversé dans sa largeur pour arriver à Maing Thauk. Un monastère était perché sur ses hauteurs et nous a offert un bon moment de divertissement, puisque les novices étaient tous réunis pour jouer.

Grâce à des informations de l’auberge, nous avons ensuite trouvé un petit coin de paradis (si l’on oublie les moustiques) avec une piscine naturelle en plein milieu de la descente depuis la pagode. Le temps passant, nous avons dû repartir et la pluie est venue s’abattre sur nous, avec force et fracas.

Mais nous avions retenu la leçon de la veille (et donc pris un poncho, complètement imperméable) et avons rejoint la cave de Red Mountain, où une dégustation de vins nous attendait. Du vin, dans ce pays, dans cette région, avec ces vignes…

Cette ambiance surréaliste, associée au déluge à l’extérieur (où des adolescents étaient tout de même en train de jouer au football, au loin) et à la belle équipe que nous constituions a créé un moment d’une rare intensité.

Le jour d’après, c’est l’intérieur du lac que je suis allé explorer. Dans le même type de pirogue que la veille, nous avons fait le tour des commerces de produits traditionnels locaux, entre travail du fer et joaillerie, fabrique de cheroots et tissage à partir du lotus lacustre ou de la soie. Les maisons sur pilotis se reflétaient dans l’eau, dans une symétrie parfaite. Chaque village avait son propre bureau de poste, au milieu des flots.

Nous avons poursuivi avec la visite de deux sites bouddhistes majeurs autour du lac.

La pagode Phaung Daw Oo contient de petites statues centrales de Bouddha sur lesquelles les hommes peuvent coller des feuilles d’or, les déformant au passage, pendant que les femmes restent interdites d’accès et peuvent observer cela sur la télévision, en cas de forte affluence.

Le monastère des chats sauteurs (Nga Phe Kyaung), lui, abrite des chats que les moines se sont amusés à dresser pour qu’ils fassent des cabrioles. A l’heure où nous sommes passés, c’était manifestement l’heure de la sieste pour les félins.

Sur le chemin du retour, nous avons pu observer les fameux jardins flottants. Par leur construction, ils sont capables de monter et descendre avec le niveau de l’eau. Ils sont réputés pour leur fertilité, du fait des nombreux nutriments dont l’eau est chargée, et produisent des tomates en grande quantité, vu la surface qu’ils occupent.

Enfin, et je les ai gardés pour la fin, le lac Inle ne serait pas ce qu’il est sans ses fameux pêcheurs, qui ont une technique de ramer tout à fait endémique. Avec une grâce certaine et un équilibre à toute épreuve, ils se tiennent debout sur une jambe, à l’avant du bateau, et l’autre jambe est enroulée autour de la rame. Comme le lac fourmille de plantes subaquatiques, cela leur permet de les voir et d’adapter leur filet en fonction.