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On m’avait prévenu : le Cambodge, ce n’est pas que les temples d’Angkor. C’est vrai, mais ils exercent une telle attraction qu’aucun étranger ne peut passer à côté sans les visiter, et que tous les Cambodgiens en font un lieu de pèlerinage obligatoire.

Angkor est censée être la représentation terrestre du Mont Meru, l’équivalent du Mont Olympe pour la foi hindoue, demeure des dieux.

Le site s’est construit progressivement, chaque roi voulant laisser une trace, plus importante que son prédécesseur, de sa grandeur et de sa dévotion à la foi, d’abord hindoue puis bouddhiste. Chaque temple est ainsi dédié à une divinité : Vishnu pour Angkor Wat, Shiva pour Baphuon ou encore Prajnaparamita pour Ta Prohm.

Cette escalade d’orgueil, symbolisée également par le nom que s’étaient donnés les rois (devaraja, dieu-roi), a abouti à la construction de dizaines de temples, dont le plus grand bâtiment religieux du monde, Angkor Wat, et l’édification d’une ville fortifiée, Angkor Thom, entourée de douves et contenant notamment le Bayon.

Une des clés de la puissance de l’Empire résidait dans sa gestion de l’eau, les rois réalisant d’importants aménagements hydrauliques : barays (vastes réservoirs) et canaux, pour alimenter, de façon constante, les rizières avec l’eau de pluie collectée. Ainsi, les cultures échappaient à la fatalité des saisons humide (mousson) et sèche et la ville s’est développée jusqu’à être peuplée par un million d’habitants, à son apogée.

Après avoir fait le plein du scooter et m’être levé avant l’aurore, je me suis lancé sur la grande boucle, tracé permettant de relier tous les temples et de passer en revue leurs différences. Le ciel a été capricieux toute la journée, n’offrant pas le lever de soleil tant attendu sur Angkor Wat.

 

Mon temple préféré a sans doute été Ta Prohm, où la nature a repris ses droits de façon spectaculaire. La végétation a littéralement envahi les ruines, poussant là où il y avait le moindre espace disponible, comme si les racines des arbres dégoulinaient sur les édifices pour atteindre le sol.

 

Le Bayon, quant à lui, montre une collection de visages qui pointent dans toutes les directions et donnent la sensation au visiteur d’être constamment surveillé par ces regards furieux.

 

Après avoir parcouru tous ces endroits avec l’attention qu’ils méritent, je me suis offert une indispensable pause. Cela faisait trois mois que j’avais commencé ce voyage, et à part quelques Oreo et Pringles de confort, je m’efforçais de manger local. A quoi bon partir à l’aventure si c’est pour reproduire son mode de vie et ne pas s’ouvrir à d’autres choses…

Sauf que j’ai aussi découvert que revenir aux basiques occidentaux était nécessaire. Siem Reap était le parfait endroit pour cela : l’endroit le plus touristique du Cambodge. Une pizza quatre fromages m’a littéralement fait décoller… J’avais oublié la texture croustillante, le goût du sel, l’odeur gratinée de la cuisson au four, toutes ces choses qu’on ne remarque plus quand elles sont habituelles et qui reprennent tout leur sens après une période de sevrage.

La ville m’a aussi offert ma première rencontre avec un moine, Kong. Ce dernier a quitté son village quatre ans auparavant et a rejoint Siem Reap pour suivre des études de bouddhisme et d’anglais.

Ici, le monachisme n’est pas forcément la vocation d’une vie. Il m’a raconté qu’il voulait maitriser suffisamment l’anglais pour pouvoir retourner d’où il venait et l’enseigner aux habitants, la majorité vivant des travaux de la ferme. Une partie de son temps consistait donc à lire les journaux et interagir avec les touristes pour parfaire sa connaissance.

Nous nous sommes quittés après qu’il m’ait souhaité bonne chance pour le voyage et le bonheur à long terme.