Ambiance musicale : La gozadera – Gente de Zona feat. Marc Anthony

De retour à la gare routière, j’ai retrouvé les traditionnels rabatteurs des compagnies et finalement dû attendre le bus pour ma prochaine destination. Alors que les négociations se passaient normalement rapidement, je faisais face ici à un manque d’offre.

Je voulais tout de même aller à la capitale, mais je n’étais pas le seul. Partis pour quinze heures de route, nous avons longuement descendu tout le début de la nuit. Au matin, j’ai commencé à voir du sable à Ica, où des dunes s’étaient formées avec le temps et le vent. Puis la Carretera Panamericana Sur a rejoint la côte dont nous avons longé les plages jusqu’à l’arrivée.

J’aurais pu m’arrêter à Nazca, célèbre pour les grandes lignes terrestres visibles du ciel et donnant lieu à plein d’interprétations différentes, mais son intérêt me paraissait limité. Je n’aurais pas pris un petit avion juste pour les observer.

Je suis arrivé à Lima sous un peu de soleil et de chaleur mais sans ciel bleu, obstrué par la poussière et la pollution de l’hiver austral. La ville paraissait très étendue et les quelques jours à l’arpenter allaient vite le confirmer.

J’étais enfin arrivé dans cet endroit, chargé d’une histoire riche. Lima, fondée en 1535 par le conquistador Francisco Pizarro, était la capitale de la Vice-Royauté du Pérou avant de devenir la capitale du pays.

On se rend compte de son importance en comprenant que ce district administratif englobait toutes les possessions d’outre-mer de la couronne de Castille en Amérique du Sud, soit une grande partie du continent.

Maintenant, la métropole concentre les pouvoirs politique, financier, commercial et culturel du Pérou. Du fait de son passé colonial, son hypercentre regorge de bâtisses et de bâtiments marquant le faste d’une autre époque et tout ce patrimoine architectural a été classé Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1991.

Je ne fus pas vraiment dans cette ambiance en arrivant, mais plutôt dans un tourbillon de bus et de taxis, avec un aménagement des rues à l’américaine, où des avenues faisant plusieurs kilomètres de long s’entrecroisent pour mailler le territoire, le découper en blocs.

Passé le moment délicat de toute arrivée dans une grande ville où un voyageur seul représente une cible idéale pour des arnaqueurs, j’ai abandonné mes petits calculs d’économies pour prendre un taxi et trouver un hostal dans le quartier de Miraflores. La ville était beaucoup trop étendue pour prétendre trouver l’endroit idéal pour y rester, et encore moins pour vouloir l’arpenter à pied avec les sacs.

J’ai abordé la ville par l’une de ses autres caractéristiques : la gastronomie. Parfaitement placée sur la côte, elle met la mer à l’honneur et bénéficie de toutes les influences latinas mais également de celles asiatiques. Il n’est donc pas rare de tomber sur des chifas, des restaurants chinois, et sur d’autres lieux proposant une fusion des cuisines.

Mon premier repas fut moins ambitieux, avec du poulet préparé de manière croustillante et présenté à grand renfort de sauces douces, près du parc Kennedy. En rentrant à l’auberge, j’ai fait la connaissance de Camille, avec qui j’ai passé les jours suivants.

Le lendemain, la Coupe du Monde de football s’invitait de nouveau au programme et nous nous sommes donc donné rendez-vous dans un des bars du parc. La France affrontait le Danemark pour déterminer les deux premières places du groupe pendant que le Pérou affrontait l’Australie pour l’honneur de ramener une victoire au pays.

Si l’ambiance était bien peu présente, à neuf heures du matin, avec un café dans la main et un match morose de notre sélection nationale, celle de la place où était retransmise le match du Pérou paraissait vraiment excellente. Le Pérou a ainsi savouré sa victoire sur grand écran malgré son élimination, pendant que nous poursuivions notre aventure sans plus de panache.

Nous avons ensuite visité l’hypercentre de la ville pour y découvrir des bâtiments d’architecture coloniale impressionnants et nombreux. Les façades étaient peintes de couleurs pastel, sur fond de ciel gris, et des balcons fermés en bois les ornaient. Une cathédrale et des églises de toutes sortes étaient disséminées, toutes richement décorées et sculptées à l’extérieur.

Au moment du déjeuner, une victoire dans les dernières minutes de l’Argentine les a propulsés en huitièmes de finale, contre notre équipe. A défaut de savoir si nous allions les battre, cela promettait un beau match. J’ai donc acheté un maillot de l’équipe de France parmi les nombreuses contrefaçons plus ou moins réussies du marché, pour les encourager et parader avec, les jours de match.

Sur le retour, ce sont des pâtisseries qui ont attiré notre attention, puisque nous n’avions pas vu de gâteaux à la crème chantilly, ni de Forêt Noire ou de Bavarois depuis un temps certain. Comme nous étions entre Français, nous avons également trouvé vin, fromage et charcuterie pour la soirée.

Le lendemain, dans la matinée, nous avons voulu partir pour Huaraz, mais c’était sans compter sur la complexité de la ville, qui n’avait pas de terminal à proprement parler et où il fallait réserver les billets a minima quelques heures à l’avance. C’était nouveau et déstabilisant, sans compter l’adversité rencontrée pour réserver sur internet.

Comme récompense, cela méritait bien un ceviche piquant de haute voltige, dans une adresse recommandée par Mickaël, chef rencontré en Mongolie. Il avait la réputation d’être le meilleur de tout le Pérou. Nous étions proches de l’océan, le poisson était donc de qualité.

Accompagné de cancha (maïs grillé salé) et de chicha morada, une boisson sucrée à base de maïs violet, ce plat était un délice. D’autres éléments croustillants venaient l’agrémenter, comme des calamars et de fines rondelles de banane frits. La douceur venait des grains de maïs frais et de la tranche de pomme de terre fondante.

En allant en direction des falaises de Lima, je n’ai pas vraiment cherché à résister au turron sablé qui s’est présenté à moi. Après des mois d’oubli, le fait de voir autant de sucreries ne pouvait pas se solder autrement…

Malheureusement, les falaises étaient recouvertes d’un voile, les rendant relativement tristes. Cela n’empêchait cependant ni les surfeurs de s’attaquer à la houle, ni les amoureux de se prélasser ou de se tirer le portrait pour immortaliser leur venue dans le Parque del Amor