Ambiance musicale : What lovers do – Maroon 5

Voilà une autre portion d’auto-stop qui m’attendait pour rejoindre Rotorua. Depuis Tauranga et sa configuration spécifique, étendue sur la baie, j’ai dû prendre un bus local pour en rejoindre l’extrémité et ainsi m’extirper plus facilement.

Quatre voitures ont été nécessaires pour arriver à destination. L’un d’entre eux, après quelques échanges, m’a invité à venir passer du temps dans sa ferme pour un volontariat. Le pauvre n’était toujours pas remis de la défaite en demi-finale de la Coupe du Monde de rugby contre la France.

Un autre, ingénieur donnant des cours de construction, m’a proposé de m’emmener jusqu’à Auckland et invité à dormir chez lui, bien plus au nord. Toutes ces propositions étaient fort aimables mais elles ne tombaient pas au meilleur moment.

J’ai cependant gardé les informations qu’il a distillées en chemin : le fait que les néo-zélandais étaient assez peu au fait des normes d’habitat énergétique sobre, que le pays comptait douze millions de vaches et cinquante millions de moutons et que la pollution qui en découlait touchait de nombreuses rivières et cours d’eau.

Depuis un moment maintenant, des senteurs de soufre se dégageaient de l’extérieur. En provenance des profondeurs de la Terre, elles nous indiquaient qu’on se rapprochait de Rotorua, de sa croûte terrestre plus fine qu’ailleurs et de son activité géothermale omniprésente.

Après un tour rapide de la ville, j’ai rencontré Sabrina à l’auberge, qui planifiait d’aller au Parc National Tongariro dans les prochains jours. Une belle fenêtre météorologique était en effet attendue pour le surlendemain, ce qui contrastait fortement avec les jours précédents, et il s’agissait d’un endroit incontournable à parcourir par beau temps, la pluie pouvant complètement annihiler l’expérience.

Sachant que j’allais repasser par ici plus tard, j’ai accepté le rendez-vous pour le lendemain matin. Je découvrais ainsi l’auto-stop organisé, planifié… L’idée était de prendre notre temps pour rejoindre National Park Village.

Nous avons mis le cap sur Taupo, où les chutes Huka nous attendaient. Avec une eau d’un vert profond, leur débit était impressionnant. Un peu plus loin, c’est le parc thermal qui nous a ouvert ses bras.

Quel bonheur de barboter dans cette rencontre d’eau chaude et froide, à la croisée de la rivière et des petits ruisseaux ! Nous sommes restés longtemps à constater les différences de température, le fond au frais, la surface plus chaude et la pluie sur la tête.

 

A la suite d’un déjeuner dans une galerie d’art d’extérieur, sous un véritable déluge, nous avons continué notre chemin au bord du plus grand lac de Nouvelle-Zélande, du même nom que la ville, et profité d’une accalmie heureuse pour se dégourdir les jambes.

 

La suite de la route s’est faite au milieu des forêts, avant d’atteindre notre camp de base. Après ces derniers jours, pluvieux, et passés en ville, notre arrivée avec un soleil de fin de journée, dans notre auberge chalet et la fraiche ambiance d’une station de ski, nous a immédiatement mis dans les meilleures dispositions.

Les lieux sont en effet prisés durant l’hiver pour descendre les pentes enneigées du volcan Mont Ruapehu, alors qu’ils sont l’objet de belles randonnées aux « beaux jours », entre les Mont Ngauruhoe et Tongariro. Pour autant, ils sont sacrés pour la tribu Maori locale qui demande donc de ne pas grimper dessus, ni de toucher aux cours d’eau.

Dans un premier temps, notre objectif était de parcourir le Tongariro Alpine Crossing, randonnée à la journée considérée comme une des plus belles du monde. Avec une telle introduction, les attentes ne pouvaient qu’être de très haut niveau.

De la même façon, il était incontournable qu’elle attire des centaines, voire des milliers de gens en une journée, d’autant plus avec le phénomène d’encombrement qui avait pu se produire avec le temps des jours précédents, chacun voulant profiter du spectacle dans les meilleures conditions.

C’est donc à cinq heures du matin que nous avons pris notre navette pour se rendre au départ, l’accès étant très réglementé pour les véhicules particuliers. Dès six heures du matin et les premiers rayons d’un soleil au rendez-vous, nous avons pu nous émerveiller des environs, faits de roches volcaniques, de végétation et de quelques cours d’eau. Au loin, le Mont Taranaki affirmait sa suprématie au milieu d’une ligne d’horizon plutôt rectiligne.

 

Même en figurant parmi les premiers à s’élancer, nous savions que la course s’annonçait perdue d’avance. Un flot continu de personnes descendait de chaque bus et se précipitait pour atteindre les points d’intérêt en premier. Nous avons donc décidé de prendre notre temps pour savourer au mieux ce qui s’offrait à nous : un tracé haut en couleurs.

Après avoir passé le col près du Cratère Rouge, les Lacs Émeraude nous ont sauté aux yeux, tandis que celui Bleu nous attendait un peu plus loin. Une vallée volcanique s’étendait au loin tandis que les désormais traditionnelles odeurs de soufre remontaient près des fumeroles.

 

Comme il n’était pas question de se baigner dans le coin, que ce soit trop chaud ou trop froid, j’ai rongé mon frein pour descendre, devant la file indienne qui se dessinait sur plusieurs kilomètres, avant de finalement rejoindre notre auberge et bénéficier d’un jaccuzi à l’eau parfaite.

 

S’il était très clair que la randonnée passait au milieu d’endroits exceptionnels et méritait ses qualificatifs, le nombre de personnes sur place pouvait légèrement altérer le ressenti. Aussi, le lendemain, nous avons décidé de chausser à nouveau nos crampons pour aller cette fois admirer les Lacs Tama.

Le Crossing n’est en effet qu’une portion d’une randonnée plus grande, un Great Walk : le Tongariro Northern Circuit. En allant parcourir ce deuxième tronçon, nous allions pouvoir avoir un aperçu plus complet, en occultant un passage plus désertique.

Bien nous en a pris puisque c’est une journée toute en fleurs, avec ses rivières, sa cascade et ses lacs aux couleurs changeantes qui nous a encore une fois rempli les yeux, dans la quiétude d’une portion quasiment oubliée malgré tous ses points de vue exceptionnels.

Nous nous sentions fortement privilégiés de pouvoir profiter de tout cela, à quelques kilomètres de distance d’une autre journée agitée près de la montagne du Seigneur des Anneaux.

 

Puis, après plus de trois jours passés ensemble, avec autant de discussions et de beaux paysages en tête, il était déjà temps de se séparer. Sabrina a pris la route du sud et j’ai posé de nouveau mon sac au pied d’une intersection, prêt à retourner à Rotorua, le pouce en l’air.