Ambiance musicale : Coco câline – Julien Doré

Nous nous sommes retrouvés à trois, après que Jérémy et Caroline aient décidé de rester à Airlie Beach, où leurs chances de trouver du travail étaient plutôt bonnes. Grâce à un message posté dans une conversation de voyageurs en Australie, nous avons trouvé Kevin et Estelle, qui allaient dans la même direction, presqu’au même endroit.

Ils avaient loué une grosse voiture, et cela représentait une opportunité de partager les coûts de transport et d’être plus flexible qu’un bus. Nous avions à peu près les mêmes impératifs du fait de notre réservation, l’occasion était donc parfaite.

Nous sommes partis en fin d’après-midi, sans attendre le lendemain. Nous avions presque neuf cents kilomètres à parcourir avant le lendemain soir. Cela nécessitait de conduire de nuit, ce qui n’était pas vraiment conseillé, du fait des rencontres fortuites avec des kangourous ou d’autres animaux sur la chaussée.

Tout le long de la Bruce Highway s’étendaient des champs de canne à sucre. Ces derniers alimentaient directement Bundaberg, pour produire son rhum éponyme et du gin. Après un arrêt nocturne à Rockhampton, et une halte à Agnes Water/Seventeen Seventy, nous avons finalement rejoint Hervey Bay dans le délai imparti.

Le chemin pour atteindre Rainbow Beach s’est fait en bus, dès le lendemain matin. Malheureusement, le temps ne nous a pas laissé apprécier cet endroit, qui tire son nom des falaises multicolores qui surplombe sa plage de sable.

A son large, ou plutôt à dix minutes de barge depuis Inskip Point, se trouve Fraser Island, la plus grande île de sable du monde, mesurant cent-vingt kilomètres de long pour quinze kilomètres de large. C’est aussi la seule où la forêt tropicale arrive à pousser sur le sable.

Protégé par l’UNESCO, l’endroit est un temple de la nature, avec ses lacs, ses criques, ses petites dunes de sable et sa forêt luxuriante. Il est également connu pour abriter le dingo, chien sauvage australien, et voir passer les baleines à bosse, qui migrent depuis l’Antarctique jusqu’aux eaux plus chaudes de la mer de Corail pour mettre bas.

Malheureusement, en étant début décembre, nous arrivions trop tard pour voir ces dernières : elles étaient déjà redescendues. Nous allions pouvoir nous concentrer sur le reste.

Quand je dis « nous », je ne parle plus seulement de notre trio, mais aussi de la centaine de personnes qui composaient le groupe. Du fait de la préservation de l’île, l’accès est limité et il est par ailleurs coûteux et potentiellement compliqué d’y aller par ses propres moyens.

Nous avons donc tous réservé un tour tag-along, où nous étions répartis en convois de quatre véhicules à quatre roues motrices, la première étant celle du guide qui nous montrait la voie. Les autres voitures étaient conduites par les occupants.

 

Inutile de dire que conduire ici était une part importante de l’expérience : conduite à gauche, volant à droite, voitures puissantes et rehaussées pour passer tous les obstacles, et enfin, le sable comme chaussée, où les sensations sont complètement différentes.

Dès que nous avons accédé à la Seventy Five Mile Beach Road, un immense sentiment de liberté m’a envahi, avec l’Océan Sud-Pacifique à droite et ses vagues qui venaient lécher la piste, la forêt tropicale à gauche et la piste au milieu, au son de l’autoradio.

 

Le chemin pour aller au lac McKenzie était tout en creux et en bosses, parfois assez étroit, et nous a permis de mettre à l’épreuve nos nouvelles compétences. L’étendue d’eau était une merveille, bien dissimulée au milieu de l’île. Le sable était parfaitement blanc et l’eau hésitait entre différents tons de couleur.

Dans la forêt d’eucalyptus

 

C’est en roulant en direction de notre bivouac que nous avons rencontré notre premier dingo. Il ressemblait fortement à un chien classique, mais il n’était pas question de s’en approcher, la faim pouvant les animer de mauvaises pulsions. D’ailleurs, notre campement était équipé d’une clôture pour s’en protéger.

L’apéritif s’est fait sur la plage, et la soirée s’est poursuivie autour du feu, marshmallows grillés pour les uns, bières et goon pour les autres.

 

Le lendemain, nous avons parcouru les beautés du nord de l’île, entre les Champagne Pools, piscines naturelles où les vagues créaient une mousse semblable à nos grands crus, et l’Indian Head, falaise remarquable depuis laquelle nous avons observé la vie aquatique locale, avec des raies manta, un requin et des tortues.

 

Après une deuxième soirée tout aussi agitée, nous avons quitté le camp K’Gari pour faire une halte près de l’épave du Maheno. La crique Eli a été notre dernier arrêt, puis nous avons repris l’autoroute de sable et rejoint Rainbow Beach, avant qu’un déluge ne s’abatte sur nous. Nous pouvions sourire de notre chance immense, le temps nous avait laissé profiter agréablement des lieux.