Ambiance musicale : One more light – Linkin Park

Après qu’un ferry ait fait le lien avec la terre ferme, c’est à bord d’un bus de nuit très bariolé, et légèrement modifié, que j’ai rejoint la capitale de la Thaïlande. Il aurait pu sortir tout droit des films « Fast and Furious », avec ses néons, son pot d’échappement bruyant et son look agressif. Peut-être est-ce aussi pour cela que nous sommes arrivés avant cinq heures du matin.

Après avoir trouvé une couchette dans un espace de l’auberge pour terminer ma nuit pas vraiment commencée, j’étais donc fin prêt pour partir à l’abordage de la ville. Une première visite à l’ambassade de Birmanie s’imposait avant d’aborder les autres lieux incontournables.

Sur le chemin, j’ai aimé me perdre dans Chinatown, au milieu de toutes ces grandes enseignes aux caractères indéchiffrables, ces odeurs de nourriture de rue et ces nombreuses couleurs, et ce, malgré la chaleur dérangeante.

Retrouver quelques baozi échappés de leur pays d’origine (mais aussi des nids d’hirondelle comestibles ou des ailerons de requin que je ne testerai jamais), voir que l’on peut déambuler dans des marchés où l’on peut à peine marcher seul de front mais où des motos s’aventurent pleines de foi, toutes ces petites choses assez particulières et si caractéristiques de l’Empire du Milieu.

Je me suis ensuite rapproché de Wat Pho, attiré par l’aura que dégage ce temple. Il faut dire qu’il cumule plusieurs superlatifs, comme le plus grand Bouddha couché de la ville ou encore la plus grande collection d’images de Bouddha en Thaïlande.

D’ailleurs, le Bouddha couché paraissait presque trop grand pour son abri. Mais cela n’empêchait personne d’apprécier le personnage sous toutes ses coutures et de déposer des offrandes dans tous les bols mis à disposition.

De nombreuses autres structures ornent le complexe, que ce soient des images ou des constructions en forme de cloche (chedi). Les toits sont richement décorés, comme à leur habitude.

La fin de journée approchant, c’est au Temple de la montagne d’or (Wat Saket) que je suis allé profiter du panorama et de la bouffée d’air qu’offre l’altitude de cette petite colline artificielle. C’est une vue avantageuse à trois cent soixante degrés sur Bangkok que l’on a ici, sur ses rues, canaux, son fleuve, son quartier d’affaires plus au sud et l’ile de Rattanakosin, qui abrite la plupart des lieux touristiques.

On distingue mieux sa grandeur, son excentricité et son contraste, certains riches quartiers côtoyant immédiatement des habitations au toit en tôle.

Après une telle journée, je suis allé trouver un peu de répit à Khao San Road, quartier très prisé des routards occidentaux qui recherchent le logement, la distraction, l’agitation, tout cela de façon plutôt économique.

Sans rentrer dans la bataille sonore que se livraient deux des principaux bars de la rue, créant un halo de bruit, j’ai profité d’une bonne bière et d’un massage traditionnel dos-épaules-tête qui a remis les membres à leur place, si besoin était.

J’en avais bien besoin car, sans le savoir, je m’embarquai le lendemain pour une épopée harassante : la visite du Temple du Bouddha d’émeraude et du Palais royal (Wat Phra Kaeo). Consacré en 1782, soit à la date de fondation de la ville, en tant que capitale, après la destruction d’Ayutthaya par les Birmans, ce complexe est maintenant la plus grosse attraction touristique de Bangkok et un lieu de pèlerinage pour les fervents bouddhistes et nationalistes.

Imaginons donc une centaine de monuments liés à l’histoire royale, des milliers de personnes, Chinois en premier, un soleil des grands jours et la nécessité de porter un pantalon par respect pour la tradition : une véritable épopée.

Pour des raisons d’entretien, le fameux Bouddha d’émeraude n’était pas visible. J’aurais aimé voir cette statue dont j’avais déjà entendu parler au Laos et à Chiang Mai, en raison des divers déplacements qu’elle a accomplis, au gré des envies des rois, et de l’histoire légendaire qui l’entoure (elle serait apparue après que le stuc qui l’entourait se soit fendu sous l’effet de la foudre…). Mais l’extérieur laissait déjà admirer tant de choses qu’il était inutile d’en demander plus.

Pour terminer la trinité des temples extraordinaires visibles ici, j’ai traversé la Chao Phraya pour me retrouver dans le quartier de Thonburi, sur sa rive droite. Ici, le Temple de l’aube (Wat Arun) est l’attraction, très caractéristique pour son prang principal, sa tour en forme de flèche dans le style khmer, qui culmine à quatre-vingt-deux mètres.

Le Bouddha d’émeraude fut hébergé ici pendant un temps, avant que le roi ne décide d’établir son siège de l’autre côté du fleuve.

Une atmosphère beaucoup plus clame y régnait, tranchant radicalement avec l’autre rive. La couleur blanche était plus douce et des centaines de petites feuilles à cloches résonnaient avec le mouvement du vent.

Il va sans dire qu’après avoir repris le bateau et récupéré mon visa birman, et à l’issue d’une journée pareille, le même remède que la veille m’attendait, bruyant, à quelques centaines de mètres de là.