Ambiance cinématographique : Les pépites – Xavier de Lauzanne
Après un passage de frontière sans difficulté et sans corruption (ce qui ne va pas forcément de soi), je suis arrivé à Phnom Penh, plein d’envie de découvrir cette ville et ce nouveau pays.
Assez vite, une réalité m’a sauté aux yeux : il y a une véritable différence de niveau de vie avec le Vietnam.
En observant un peu la ville, je me suis rendu compte que les gens vivaient bien plus chichement, que l’activité paraissait beaucoup moins importante et que beaucoup de gens trainaient sans réelle occupation.
Fait nouveau en Asie : j’ai vu pour la première fois des mendiants, et parfois des enfants.
Ici, les tuk-tuk (ou plutôt les motos avec remorques) sont partout, ils sont omniprésents, jusqu’à en devenir oppressants. Refuser, après avoir remercié pour la proposition, devenait une sorte de réflexe, une réponse automatique.
Ma première visite m’a amené au Musée national du Cambodge. Le bâtiment à lui-seul vaut le détour. Il est inspiré de l’architecture des temples khmers et fut construit en de 1917 à 1924, période pendant laquelle le Cambodge était un protectorat français, faisant partie de l’Indochine.
Le musée comprend une importante collection d’art khmer, du nom de l’empire qui s’étendit, selon les périodes, de la Thaïlande au Vietnam du sud, entre le IXème et le XIIIème siècle. Cette civilisation a bénéficié d’une forte influence indienne, comme en témoigne l’adoption de l’hindouisme, dans un premier temps, comme religion officielle et l’utilisation d’une langue qui a beaucoup emprunté au sanskrit.
Aujourd’hui, le pays est une monarchie constitutionnelle et dispose d’un palais, résidence du roi Norodom Sihamoni. Cet ensemble de bâtiments est situé non loin du lit du Mékong. Là aussi, l’influence est très claire et la riche toiture, à ses extrémités, semble s’étendre jusqu’au ciel.
Le pays, entre les années 1975 et 1979, a été dirigé par les Khmers rouges. Ce mouvement communiste, après plusieurs années de guerre civile, a établi une dictature extrêmement violente, visant à établir une société sans classes et à vivre en autarcie, connue sous le nom de Kampuchéa démocratique.
La direction du mouvement, l’Angkar, a été longtemps assurée par Pol Pot, ou Frère N°1.
Ce régime totalitaire s’est rendu coupable d’un véritable génocide, les dernières études parlant de presque deux millions de morts. Les populations ont été déplacées des villes vers les campagnes, forcées à travailler dans les champs et à produire du riz selon des rendements obligatoires et irréalistes.
Les arrestations étaient arbitraires, les interrogatoires faisaient usage de la torture pour amener les personnes à avouer à peu près tout et n’importe quoi et la suspicion était devenue la règle. Tout cela se faisait dans le plus grand secret.
Tuol Sleng, aussi appelé S-21, fut un des centres de détention d’un réseau qui comportait plus de deux cents prisons, où l’espérance de vie des détenus ne dépassait pas trois mois. Entre douze et vingt mille personnes ont été emprisonnées dans cette ancienne école, et seulement douze d’entre elles ont survécu.
L’endroit est devenu est un véritable lieu de mémoire de cette période extrêmement sombre de l’histoire. Après avoir avoué, en une douzaine de pages, des crimes inexistants ou des relations fantaisistes avec des services secrets étrangers, les prisonniers étaient condamnés à mort et emmenés aux Killing Fields de Choeung Ek, où ils étaient exécutés et enterrés dans des fosses communes.
Le camarade Duch, directeur de l’établissement, avait mis en place une administration méthodique, avec des dossiers pour chaque détenu qui, dès leur arrivée, perdaient leur identité et devenaient de simples matricules.
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