Ambiance musicale : Floating – Avia
Après avoir récupéré nos sacs à dos à l‘auberge de Salento, nous avons pris un bus pour Armenia, ville qui allait pouvoir nous connecter avec d’autres régions. Je n’avais rien vu d’autre que la gare routière la première fois que j’y étais passé, mais j’étais content de ne pas y séjourner ce soir-là.
Nous en sommes seulement sortis pour tenter de manger quelque chose, il faisait nuit et le quartier n’inspirait pas une grande confiance, avec des chiens qui hurlaient et des jeunes qui trainaient dehors. Aussitôt le morceau de poulet avalé, nous avons rejoint notre hall d’attente.
Pour couvrir une distance qui ne paraissait pas si importante jusqu’à Neiva, nous avons dû prendre un bus de nuit. Les explications venaient simplement du relief du territoire et des routes parfois dans un état plus précaire.
J’ai profité de ce temps pour me plonger dans un documentaire sur l’épopée russe de l’équipe de France de football et cela m’a fait un bien fou de revoir tout cela imbriqué, associé aux souvenirs des endroits où j’avais pu voir les matchs.
Le lendemain, nous sommes arrivés tôt à destination, avant de prendre un colectivo pour le village de Villavieja, et finalement d’arriver au camping que nous avions sélectionné. Nous étions dans le désert de la Tatacoa, qui est en fait une forêt tropicale sèche plutôt qu’un désert.
Nous étions d’accord pour dire que son nom reflétait bien mieux les conditions rencontrées, chaudes et sèches. Nous avons installé notre hamac, hérité de nos pérégrinations amazoniennes, puis sommes partis randonner au milieu de ce paysage épuré.
La plupart des gens se déplaçaient en tuk-tuk, pour éviter les désagréments de la chaleur et de la sécheresse, mais nous avons pris le parti d’y aller à pied, comme les activités allaient être réduites ici et que le soleil n’était pas trop intense ce jour, caché derrière quelques nuages.
Nous sommes partis en direction de la partie grise du désert, la plus vaste, avec plusieurs bouteilles d’eau. Le chemin était relativement plat et le paysage n’offrait pas beaucoup d’aspérités sur lesquelles nos yeux pouvaient s’accrocher. Quelques chèvres se promenaient en toute liberté, au milieu d’un végétation rare.
Nous avons trouvé un restaurant proche d’un point de vue reconnu, et le plat du jour ne laissait pas beaucoup de doute : ce serait cabri pour tout le monde. Puis nous avons repris le chemin pour tomber sur Los Hoyos et l’un des véritables intérêts de ce lieu : de nombreuses gorges et canyons taillés par l’érosion de l’eau.
Des monticules étaient à présent répartis sur des kilomètres et laissaient apparaitre les différentes couches géologiques du sol. Certains étaient acérés et d’autres taillés dans des formes très douces, telles des voiles de tissu. Les conditions géographiques et climatiques en faisaient une zone riche en fossiles.
Pour le commun des touristes, une piscine avait également été construite au début des parcours, mais elle n’avait aucune chance d’attirer notre attention. En revanche, cette couleur grise était inhabituelle, associée à ces formations rocheuses, et rendait l’ensemble très distinctif.
Nous avons ensuite fait demi-tour et sommes rentrés de la même façon que nous étions venus. Ce furent simplement d’autres chèvres et d’autres cactus que nous avons rencontrés. D’ailleurs, certains avaient eu l’idée de mettre ces derniers en bouteille de bière et nous n’avons pu nous empêcher de les goûter, après une quinzaine de kilomètres parcourus dans ces conditions arides.
Une fois à l’auberge, nous n’étions pas si loin du début de la partie rouge du désert, et nous l’avons donc rejointe en fin de journée, avec une lumière qui commençait à baisser. En première lecture, je pouvais trouver des similitudes avec les Flaming Cliffs mongoles ou le Grand Canyon américain.
Cette partie, nommée labyrinthe de Cuzco, était complètement ravinée et donnait à voir de multiples chemins et crêtes. Vu de dessus, on pouvait bien discerner les sorties mais cela devenait plus complexe une fois au milieu des parois, se ressemblant toutes, comme des cloisons identiques.
Le crépuscule pouvait même amplifier le contraste de couleurs et partir d’un ocre très sombre et arriver à une teinte blanche, où le sol était le plus craquelé.
Le soir venu, nous avons diné de nuit et conclu avec des desserts sucrés, évidemment au lait de chèvre. L’absence de pollution lumineuse et auditive rendait le ciel particulièrement beau à contempler et la position quasi-équatoriale de la zone donnait à voir près de quatre-vingt-huit constellations.
Après une grosse nuit dans le hamac, sans doute la dernière du voyage, nous nous sommes levés et avons voulu revoir ce labyrinthe et y descendre. Le soleil était plus pressant que la veille et les condors volaient au-dessus de nous, rendant l’expérience plus intense.
Puis il fut déjà l’heure pour moi de revenir au camping, faire mon sac et saluer Vincent et Victor. Cette fois, c’était vraisemblablement la dernière fois que je leur disais adieu. Nous nous étions retrouvés plusieurs fois sur la route mais la mienne allait bientôt se terminer, dans la capitale.
J’ai donc grimpé sur une moto-taxi jusqu’à Villavieja, où j’ai déjeuné rapidement tout en observant les alentours. Une touriste colombienne d’un certain âge est venue me dire bonjour, me demander d’où je venais, pour finalement me remercier d’être venu visiter son pays. Cela m’a donné le sourire pour monter à l’arrière de la camionnette pour Neiva, malgré les secousses de quelques tronçons de piste.
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