Ambiance musicale : Vietnam – Jimmy Cliff

C’est à Kunming que s’est prise la décision : celle de ne pas prendre de visa et de profiter de ce généreux accord entre la France et le Vietnam pour profiter de quinze jours de visite sans aucune formalité.

La contrepartie, c’est qu’il fallait être rapide et redoubler d’attention pour ne pas se faire coincer à un endroit et perdre un temps précieux, tout en parcourant le Vietnam sans compromis.

J’ai donc profité de mes derniers instants chinois, à Hekou, pour préparer aussi finement que possible mon trajet des prochains jours et me délecter d’une coupe de cheveux rafraichissante, les températures m’attendant promettaient d’être élevées.

La Chine se terminait sur une note douce, avec un coucher de soleil en bord de rivière et un certain soulagement : le combat quotidien pour comprendre et se faire comprendre allait prendre fin, les blocages d’Internet aussi. Mais un plat consommé dans la journée décidait de rendre ma dernière nuit chinoise mémorablement éprouvante, côtoyant régulièrement ces toilettes à la turque si inhospitalières.

 

Le passage de frontière a été d’une simplicité déconcertante : un tampon de sortie, la traversée du pont à pied, et un autre tampon d’entrée. Dans sa rapidité, l’agent vietnamien ne m’a pas offert quinze mais seize jours de délai pour repasser la frontière. Je me suis bien gardé de lui signaler et me suis dirigé vers les bus pour Sapa.

 

Avant cela, il fallait échanger mes derniers yuans contre des dongs. Prévenu des techniques douteuses des personnes échangeant la monnaie dans la rue, j’ai résisté à deux manipulations avec brio (le mauvais taux tapé très vite sur leur calculatrice et la différence entre le montant calculé et le montant donné) mais ce n’est que plus tard que j’ai constaté, impuissant, qu’un billet de dix-mille s’était opportunément glissé entre deux autres de cent mille, ces deux coupures se ressemblant de prime abord… J’avais donc perdu quatre euros dans l’histoire et le ton était donné !

 

Sapa est une station qui a été créée par les Français en 1922, pour permettre aux soldats de se reposer dans un cadre plus frais, au milieu des montagnes, à mille sept cents mètres d’altitude. Et c’est maintenant un lieu de choix touristique puisqu’il est entouré de rizières en terrasse et de nombreuses minorités ethniques vivant dans le coin.

J’ai donc rapidement loué un scooter et me suis éloigné, à la découverte des environs. Quel sentiment de liberté que de pouvoir se déplacer comme cela, sans efforts, sans horaires à respecter ni itinéraire défini à l’avance. Et la chaleur parait tout de suite plus acceptable à deux roues…

Les petits villages voisins de Lao Chai et Ta Van, à majorité Hmong m’ont alors dévoilé leurs nombreux charmes. Ici, c’était l’heure de planter le riz et tout le monde s’affairait dans les champs, humains comme buffles d’eau.

 

J’ai ensuite rejoint Bac Ha, à l’opposé par rapport à Lao Cai, ville-frontière. En redescendant de la montagne, j’ai réalisé que j’avais (presque) oublié la forte chaleur, et surtout l’humidité pendant ce séjour en hauteur, mais qu’elles se présentaient à nouveau à moi, et avec une belle intensité.

J’ai aussi remarqué qu’au Vietnam, transport de passagers et transport de marchandises se confondent aisément, les bus s’arrêtant régulièrement sur la route au son de leur klaxon si particulier (il n’émet pas un son continu mais résonne), pour ramasser et délivrer toutes sortes de colis.

 

Le choix que j’ai opéré de rester en formule homestay a été immédiatement récompensé quand j’ai goûté les nems que m’avait préparés mon hôte Cho. C’était léger, ça croustillait, on sentait le goût de chaque aliment frais… J’ai même pu participer au roulage de quelques-uns.

J’ai instantanément repensé à ceux qu’on peut trouver dans les restaurants asiatiques en France qui pratiquent les formules à volonté : quelle escroquerie de proposer des nems qui ressemblent aussi peu aux « vrais »…

Au-delà de la nourriture, ses bons conseils allaient se révéler déterminants. Je n’avais pu assister à un marché avec les tribus locales en Chine, et j’avais loupé celui de Bac Ha qui n’a lieu que le dimanche. Je voulais réparer cet accroc. Il m’a orienté vers le marché de Sin Cheng, et c’est véritablement le mot, car ce village était introuvable sur maps.me…

J’ai trouvé là-bas un marché de bestiaux, mais surtout une multitude de gens des ethnies alentour (Dzao, Giay et d’autres), avec des costumes tous plus colorés les uns que les autres. Un véritable plaisir des yeux.