Ambiance musicale : Closer – Lemaitre

Après la côte Est, j’avais à cœur de terminer ma découverte de l’Australie par Melbourne, et de pouvoir ainsi visiter Anaïs et Benoît. C’était une promesse qu’on s’était fait neuf mois plus tôt, à Lyon, alors que j’étais préoccupé par ma demande de visa russe et qu’Anaïs faisait un passage éclair dans la ville.

Un bus de nuit m’a permis de rejoindre la capitale de Victoria où j’ai pu profiter d’un accueil chaleureux et de conseils locaux de grande valeur. L’exploration prend alors tout son sens, avec des recommandations sincères et fiables, bien plus personnelles que les listes de « choses à faire » proposées par les moteurs de recherche ou les panneaux d’accueil à l’entrée des auberges de jeunesse.

Pour autant, il y aura toujours des incontournables. J’ai donc commencé par Federation Square, grand lieu de rendez-vous du fait de la gare de Flinders, et la National Gallery of Victoria. L’architecture récente des tours de bureaux et du musée rencontre celle de bâtiments plus âgés, comme la cathédrale Saint-Paul ou la façade de la gare. Cela donne un ensemble très hétéroclite.

Juste à côté se trouve la rue Hosier, constamment repeinte par des artistes de rue. Ainsi, les graffitis éphémères ne donnent pas l’assurance aux visiteurs qu’ils seront encore visibles quelques jours plus tard, ce qui leur donne encore plus de valeur. D’une façon générale, Melbourne m’a donné à voir quelques superbes spécimens de dessin urbain.

Dans un style très différent, des passages couverts traversent certains immeubles et peuvent rappeler l’ambiance de certaines arcades parisiennes du début du vingtième siècle. Ils permettent aux personnes qui veulent faire du lèche-vitrine de le faire en étant couverts.

Au lendemain d’une bonne soirée en toit-terrasse dans le quartier de Fitzroy, ponctuée par d’excellents hamburgers dans un wagon reconstitué, j’ai pu profiter du vélo de Benoît pour partir un peu plus à l’assaut des environs de Melbourne. Quel plaisir de retrouver une indépendance totale de mouvement, même si les automobilistes ne partagent pas si aisément la route et qu’il faut absolument porter un casque…

Mon premier circuit m’a donné à voir la partie sud, et plus particulièrement les quartiers d’Hampton et de Brighton. Ce dernier est particulièrement connu pour ses quatre-vingt-deux abris de plage, petites maisonnettes en bois instantanément reconnaissables et alignées le long de la plage. Ces box sont tellement iconiques que les dernières enchères ont dépassé les trois cent mille dollars, et que chaque vente enregistre de nouveaux records.

Le retour s’est naturellement fait le long de la rivière Yarra, pour arriver jusqu’à la rue Flinders. Soudain, j’ai vu de nombreuses forces de l’ordre qui avaient bloqué l’accès au carrefour très fréquenté. Une voiture folle venait juste de terminer son œuvre lugubre et les chaines de télévision étaient déjà en train de couvrir l’évènement. Il n’était pas question de passer plus de temps que nécessaire ici.

Le jour suivant, j’ai suivi le chemin de Merri Creek pour un grand tour avant de terminer aux jardins Carlton. Melbourne regorge d’endroits agréables et c’était un terrain de jeu idéal. Puis est venu l’heure du départ de mes hôtes, pour les vacances d’été… à Noël !

L’Australie n’était pas forcément très dépaysante jusqu’à présent mais elle réserve forcément des surprises aux non-habitués, comme tout l’hémisphère Sud, où les saisons sont inversées. En décembre et janvier, point d’école pour les enfants, et tous à la mer !

Ce Noël s’annonçait donc assez particulier, puisque j’allais le passer (physiquement) seul et en été. Après une messe festive (pour garder quelques rituels) et un repas de cérémonie comparé à mon standard de voyageur, je me suis rendu à l’esplanade de St Kilda, où les bonnets de Noël avaient donné rendez-vous aux maillots de bain et à l’alcool, malgré le vent glacial.

L’ambiance était digne d’un festival de musique. De l’autre côté de la digue, les kitesurfeurs s’en donnaient à cœur joie, savourant les conditions idéales de pratique.

Mais en fait, je savais que je ne serai pas seul… Grâce au pouvoir d’internet, la magie de Noël allait fonctionner. A dix heures d’intervalle, avec le son et l’image, mais sans avoir le goût de l’apéritif, j’ai pu me retrouver au milieu du moment chaleureux de l’ouverture des cadeaux, et profiter du rassemblement familial.

Internet ne s’arrête pas là : j’étais intéressé pour aller parcourir la Great Ocean Road, et j’étais persuadé que je n’étais pas le seul. Après l’échange de quelques messages, nous nous sommes retrouvés à cinq dans un café pour définir le plan et se lancer le lendemain, pour la dernière aventure de l’année.

Cette route côtière a un peu moins d’une centaine d’années et longe l’océan sur une bonne partie de ses deux cent cinquante kilomètres. Malgré le mauvais temps, nous sommes donc partis en direction de Torquay, où les deux marques de surf Quiksilver et Rip Curl sont nées. En route, j’ai pu voir mes premiers kangourous, après presque cinquante jours passés dans le pays. Je n’y croyais plus…

Avant d’aller passer une première nuit à Colac, nous avons découvert les premiers paysages caractéristiques du coin, faits de formations de calcaire impressionnantes et de couleurs d’eau changeantes au gré des fonds marins.

Le lendemain, ce sont les stars locales qui nous attendaient, avec une mer qui se déchainait de plus en plus à mesure que les éléments météorologiques se dégradaient. Les fameux Douze Apôtres, tours de plus de quarante-cinq mètres de haut, n’étaient en fait que huit.

Quatre d’entre elles se sont effondrées sous l’effet de l’érosion depuis leur découverte. Un petit wallaby profitait même de l’attention générée pour poser pour les nombreux touristes.

Nous avons continué de découvrir les attractions de la route B100, avec la Loch Ard Gorge, la London Arch, la Grotto, la Baie des Martyrs et enfin la Baie des Iles. Elles avaient toutes leurs petites particularités, comme la London Arch, qui était auparavant connectée au continent.

L’effondrement de sa première arche en 1990 a laissé prisonnières deux personnes pendant quelques heures, sur l’édifice restant.

L’année 2017 se refermait ainsi avec ce voyage routier. Après quarante-huit heures passées ensemble, nous formions une bonne équipe de voyageurs indépendants et nous avons naturellement passé le réveillon ensemble, à l’anglo-saxonne : avec des feux d’artifices.

Dans la rue, les gens se regroupaient autour de spectacles gratuits de DJ dans les parcs publics ou choisissaient de très bien s’apprêter pour sortir dans des établissements privés aux tarifs très élevés.

Bouquet final

Bonne année 2018

Avant de m’en aller de Melbourne, et de l’Australie, je me devais de retourner à St Kilda, pour voir ce que j’avais manqué la première fois. Une colonie de manchots pygmées, les plus petits du monde, a simplement élu domicile au bout de la jetée. Il suffisait d’attendre la tombée de la nuit pour les voir apparaitre…