Ambiance cinématographique : Le pont de la rivière Kwaï – David Lean

A cent trente kilomètres à l’ouest de Bangkok se situe Kanchanaburi, la ville tristement célèbre depuis laquelle on peut voir le pont sur la rivière Kwaï. Cette arche est le symbole de la Death Railway, cette route ferroviaire construite entre 1942 et 1943, sur ordre des forces japonaises, et avec la mise à contribution de quelques dizaines de milliers de prisonniers de guerre Alliés et de travailleurs forcés asiatiques.

Aujourd’hui, de nombreux Thaïlandais viennent passer le week-end dans cette belle vallée, et la forte attraction touristique (et les nombreux selfies) ne vont pas forcément de pair avec le respect que pourrait imposer le lieu, par les atrocités qu’il a entrainées.

Au départ depuis la gare de Thonburi, c’est un train avec les fenêtres grandes ouvertes qui nous a emmenés à destination. L’immersion était totale, puisqu’une seule classe était disponible pour les wagons. Toutes les classes d’âge étaient présentes et les paniers regorgeaient de victuailles pour le pique-nique.

Une fois arrivé, il a fallu s’extirper du monde s’agglutinant sur les premiers mètres pour arriver à voir l’édifice complet. Construit dans un premier temps en bois, il est maintenant en acier. Et comme il a été bombardé par les Alliés en 1945, seules les extrémités sont d’origine.

Je n’ai pas eu la chance de voir passer un train dessus, et donc de me réfugier sur l’une des plateformes prévues. Il n’y a qu’une voie et il est donc nécessaire de faire place quand les véhicules arrivent.

Venir voir un pont est une chose, mais je préfère de loin connaitre l’Histoire sous-jacente. Direction donc le Musée de la voie ferrée de la mort, pour comprendre ce qu’il s’est passé ici et réaliser, encore une fois, que je suis plus ou moins ignorant sur l’histoire de l’Asie au XXème siècle.

Soit j’ai manqué les cours d’histoire traitant de ces évènements, soit notre éducation occidentale met l’accent sur ce qui est arrivé près de chez nous ou nos alliés, et laisse de côté des pans géographiques entiers.

A l’heure où la mondialisation est une réalité et les enjeux sont globaux, il m’apparait d’une grande nécessité d’avoir la connaissance de tout cela, ou tout du moins, d’en avoir une idée, ne serait-ce que pour éviter de répéter les mêmes erreurs, et comprendre ce qui en résulte aujourd’hui dans les relations internationales. Savoir d’où l’on vient pour imaginer où l’on va.

Lors de la Seconde guerre mondiale, bien loin de nos contrées, le Japon fut le grand envahisseur de l’Asie. Ses attaques répétées l’ont amené à prendre le contrôle, momentané, d’une portion très importante de territoire : une partie de la Chine, et quasiment toute l’Asie du Sud-Est, de la Birmanie à la Nouvelle-Guinée, des Philippines à l’Indonésie.

Avec un appétit toujours grandissant, l’idée de construire une route alternative de ravitaillement entre la Thaïlande et la Birmanie vit le jour. Certains la considéraient impossible, du fait du terrain et des conditions extrêmes à affronter, et les ingénieurs japonais estimaient qu’il faudrait cinq ans.

L’armée japonaise força les travailleurs à l’accomplir en seize mois, dans des conditions particulièrement atroces. Les maladies, les conditions de vie et les traitements barbares imposés pour maintenir la cadence folle ont entrainé la mort d’environ cent mille personnes, l’immense majorité étant des travailleurs forcés.

Les prisonniers de guerre, britanniques, hollandais et australiens ont également payé un lourd tribut. Le cimetière Allié de guerre est là pour le rappeler.