Ambiance musicale : Le sud – Nino Ferrer

Quand on pense Vietnam, une destination vient instantanément à l’esprit : la baie d’Halong et ses immenses pains de sucre karstiques, ses eaux émeraude, ses jonques aux voiles rouges.

Après avoir comparé les différentes propositions des agences de voyage, je me suis lancé pour une croisière de trois jours, dans le but d’en voir le maximum, même s’il n’était pas question de faire le tour des mille six cents îles et îlots regroupés dans le golfe du Tonkin.

Juste avant de partir d’Hanoï, j’ai été témoin du premier accident entre scooters. Une manœuvre mal assurée et un scooter en a entrainé un autre dans sa chute. Même si cela s’est fait plutôt au ralenti, car les gens roulent assez lentement, la vision de ce premier vol plané m’a rappelé que, même si les deux-roues semblaient infaillibles dans leur trajectoire, il fallait toujours rester sur ses gardes en traversant.

Le guide s’est même retourné vers moi et a souri, en me disant que ça arrivait tout le temps ici. J’étais presque surpris de ne pas en avoir vu avant. Les deux protagonistes se sont rapidement relevés car le trafic s’accumulait, ont vérifié leur état respectif, redressé un cale-pied ou un rétroviseur puis la circulation a repris de plus belle, frénétique.

Quelques heures plus tard, nous étions à l’embarcadère. Premier constat : notre bateau n’allait pas être le seul… Même si ce n’était pas la haute saison (c’était le début de l’été et des grosses températures l’accompagnant), un nombre important d’embarcations se préparait à lever l’encre, en route pour la baie.

Cet endroit estampillé « Patrimoine mondial de l’UNESCO » se retrouve lui aussi victime de son succès, mais la distinction est ô combien méritée…

La première journée a permis de visiter une grotte, faire un petit tour de kayak chronométré et de faire une pause fraicheur sur l’île de Ti Top. Comme à Hanoï, la chaleur était écrasante et le soleil ne laissait aucun répit.

Quand la soirée est enfin arrivée, nous avons tous profité du pont du bateau pour prendre l’air et respirer un peu. La soirée était assez improbable, assis avec un Américain et sa copine chinoise, à discuter de musique française des années soixante-dix ou écouter des morceaux de l’album de blues rock qu’il venait de composer, et essayer de pêcher quelques calamars que la lumière du bateau était censée attirer.

Aucune prise n’a été enregistrée ce soir-là mais l’essentiel n’était pas là : la voûte stellaire nous servait de plafond, et Youtube assurait la bande-son.

Le lendemain, c’est sur l’île aux Singes que nous avons accosté. Les primates se cachaient ou se révélaient légèrement agressifs quand ils s’approchaient, sûrement trop habitués à être dérangés chez eux, et voulant rendre la pareille.

La baie de Lan Ha nous a offert un espace plus calme, la plupart des gens ne visitant que la baie d’Halong. Visuellement, nous étions toujours en présence de superbes eaux et de rochers coiffés d’une végétation dense et bruyante.

Avant de retourner sur la terre ferme, nous avons rejoint un village flottant de pêcheurs, pratiquant aussi la culture de perles. Ça a été l’occasion de découvrir comment se forment ses billes, qui selon leur qualité, peuvent atteindre des prix très élevés (jusqu’à plus de onze mille euros pour un collier en vente sur l’exploitation).

A l’état naturel, une perle est formée lorsqu’un corps étranger (comme un grain de sable) se retrouve pris entre la coquille et le manteau de l’huitre. Pour s’en défendre, et puisqu’elle ne peut l’éjecter, elle va l’entourer de carbonate de calcium : la nacre. Les différentes couches vont former la perle et c’est le temps qui en déterminera la grosseur (entre deux et six ans).

Dans un élevage, les choses sont accélérées : un nucléus (petite bille de nacre sculptée à partir d’une autre coquille) est inséré dans une huitre vivante, avec un greffon (fragment de manteau d’huitre saine) pour que l’huitre commence à sécréter de la nacre et recouvre la perle avec des couches successives.

Tout est fait à la main et la récolte n’est pas assurée : seulement 30% des coquilles délivrent le précieux bijou, et 1% produisent des perles parfaitement rondes, à la plus grande valeur.